Après plusieurs années de démarches et d'obstacles administratifs, la construction de mon propre atelier a enfin pu débuter en 1982. Ce fut une étape décisive dans l'évolution de l'entreprise : disposer d’un outil de travail fonctionnel, conçu selon nos besoins, marquait un tournant dans notre capacité à réaliser des mandats plus ambitieux et à mieux organiser le travail.
1985 : Achat du terrain à l’ouest de l’atelier
Dans une perspective de développement futur, nous avons saisi l’opportunité d’acquérir une parcelle attenante, située à l’ouest de notre atelier. L’idée était d’anticiper les besoins d’extension ou de stockage, dans un contexte où le succès croissant de nos mandats laissait entrevoir de nouvelles possibilités.
1989 : Un projet de promotion artisanale avorté grâce à un conseil avisé
En 1989, avec mon voisin d’atelier — menuisier et ami de longue date — nous avons acquis ensemble une parcelle située au nord de nos ateliers respectifs. Notre ambition était claire : créer un ensemble de petits ateliers accolés, destinés à des activités artisanales. L’idée était de favoriser une dynamique de production locale, partagée entre plusieurs indépendants, dans une structure cohérente et mutualisée. Ce projet de promotion artisanale nous semblait prometteur, tant sur le plan économique que sur celui de la synergie entre métiers complémentaires.
Nous avons mené les premières études, envisagé l’implantation des bâtiments, et commencé à établir des contacts en vue de son financement. Mais en 1992, lors d’une réunion avec notre banque, l’UBS, un avertissement nous a stoppés net. Notre conseiller, d’un ton sérieux, nous a fait part de signaux inquiétants annonçant une crise économique imminente. Il nous a clairement recommandé la prudence.
Ce conseil, que nous avons décidé de suivre, s’est révélé salutaire. En renonçant à lancer le projet, nous avons sans doute évité de nous retrouver piégés dans un investissement trop lourd, à un moment où le marché allait bientôt se contracter. Ce choix, bien que difficile et frustrant à l’époque, nous a préservés de complications financières importantes. Par précaution et dans un esprit de confiance envers notre banquier, nous avons pris la décision de revendre le terrain.
Avec le recul, cette décision fut l’une des plus sages prises dans ce contexte. Elle illustre combien l’intuition d’un professionnel expérimenté peut parfois changer le cours des choses.
1989 Créations en bois rustique : un nouvel élan pour l’entreprise
Première exposition au palais de beaulieu
Dans le but de diversifier notre activité et de mieux lisser notre charge de travail, j’ai décidé, à la fin des années 1980, d’investir dans un atelier de fabrication de mobilier en bois massif. Nous avons développé une gamme de produits rustiques — tables, chaises, bancs — dans un style authentique qui correspondait à la demande de l’époque.
C’est à ce moment que l’entreprise Wenguer, installée à Villeneuve, a cessé ses activités. Son responsable, avec qui j’entretenais de bonnes relations, m’a proposé de reprendre le marché qu’il avait mis en place. Cette opportunité s’est révélée précieuse : elle nous a permis non seulement d’élargir notre offre commerciale, mais aussi de mieux structurer notre activité.
En effet, dans le domaine de la charpente, les périodes de creux entre deux chantiers étaient inévitables, rendant la planification souvent difficile. L’activité de fabrication de mobilier, plus souple et régulière, permettait de maintenir l’occupation des ateliers et du personnel pendant ces périodes creuses. Elle a ainsi contribué à renforcer la stabilité de l’entreprise, tout en ouvrant de nouvelles perspectives commerciales.